Le Caprice D'Anne

La scène se déroule dans les année 70 , à l'époque je dois avoir entre 7 et 8 ans et je suis plutôt du genre petite fille qui écoute bien ses parents.

Alors je ne comprends toujours pas comment , ni pourquoi , j'ai agi si sottement ce  jour-là!

Pour mieux comprendre , je vous explique, mon père n'a jamais passé son permis de conduire et donc ma mère allait une fois par mois en train  dans la grande ville de Nancy. Je dis bien ' GRANDE " car pour nous autres mioches de l'époque , aller à Nancy , c'était une vraie aventure.

Souvenez-vous que nous avons toujours vécu à la campagne et en l'occurence aux moments des faits , nous habitions à Etval-Clairefontaine où se situe une célèbre papeterrie.

Ma mère allait aussi parfois à Saint-dié-des-vosges, mais le parcours était beaucoup moins loin et l'aller/retour était bien plus court donc il n'y avait pas cet aspect aventureux qu'il pouvait y avoir quand nous nous rendions à Nancy!

Nancy!!!

C'était là que nous allions chaque année voir les jouets de Noël au Grand Magasin REUNIS , je ne sais pas si l'enseigne existe encore de nos jours.

Je me souviens juste que c'était immense et que mon frère Hervé restait des heures au rayon "livres" , je me rappelle aussi m'être perdue dans ces rayons gigantesques avec mon petit frère Alain et que ma mère fut appellée au micro par une dame pour venir nous récupérer.

Nancy et son bûffet de la gare  où j'ai bu mon premier diabolo-menthe

 en attendant l'heure de notre train et où je me suis sentie pour la première fois " grande".

Quand on était petit , on avait juste droit à une grenadine à l'eau! Le diabolo-menthe signifiait qu'on avait gravit un échelon dans la hierarchie de la pyramides des âges.

Ca peut faire sourire les gamins d'aujourd'hui , gâvés de coca-cola depuis l'âge du berceau , pour moi ça avait une grande importance.

Maman allait donc en train à Nancy , généralement pour nous rhabiller , et emmenait avec elle ceux qui allait être rhabillés et comme vous pouvez vous en douter , c'était chacun notre tour.

Elle nous prenait deux par deux , voire par trois mais pas tous en même temps, ce que je comprends trés bien.

Et même en ce temps-là ,je le comprenais  car ça se passait toujours ainsi. Et personne n'avait à redire ou contester cela, sauf que je ne sais pas ce qui m'a pris ce jour-là.

Ce n'était pas mon tour et je ne sais pour quelles raisons , je me suis mise à trépigner du pied , à crier que je voulais venir; à pleurer et faire un vrai caprice.

Je suis déscendue sur le quai de la gare , ne voulant pas lâcher maman et jusqu'à la dernière minute , j'ai continué  ma "comédie" de sale gosse.

Puis le train est arrivée en gare , ma mère et mes frères sont montés  et je les ai suivi en trépignant de plus belle!!!

C'est le chef de quai qui m'a attrapée et descendue du train!!

C'est assez étrange , je ne rendais même pas compte des gens autour qui ont dû penser que j'étais une sale môme , je ne rendais même pas compte que j'ai dû embarrasser ma mère et mon père qui était le chef de gare!!

Simplement j'étais en souffrance , une souffrance réelle que je ne comprends toujours pas aujourd'hui. Je voulais absolument aller avec maman à Nancy.

J'ai mis longtemps à me calmer,je soliloquais, j'avais de vraies grosses larmes qui coulaient sur mes joues .

 Ma grande soeur  Françoise m'a emmenée faire une promenade avec mon petit frère Alain et peu à peu  , les larmes cessèrent et je me suis calmée . Je ne pensais plus à Nancy , ni au train,  la journée se passa tranquillement et l'incident était clos.

Le soir quand maman est revenue de Nancy, elle m'avait acheté une poupée , de toute façon , elle revenait toujours avec un truc pour nous. J'étais heureuse.

Elle ne m'a pas reparlé de mon caprice  , c'était fini, oublié, demain serait un autre jour.....

P.S. j'ai cherché une photo de moi pleurant , mais en vain!! sur toutes les photos je souris ou je tire la langue!