jeudi, 14 septembre 2006
Bonheur....
Je suis trés conservatrice et j'aime bien les petits trésors cachés. Cest ainsi que j'ai trouvé ce petit poème chez mes parents il y a quelques temps déjà et je l'ai précieusement conservé depuis ( Papa sait que je l'ai puisqu'il était présent quand je l'ai pris).
Mon père a écrit ce texte à l'âge de 22 ans, Noël arrivant , puisque cela date du 20 décembre , il était certainement trés inspiré.
NOËL A BORD
La " Pacific", majestueusement monstre d'airain,
Vient d'être attelée à la tête de son train
Qu'elle tirera bientôt dans une folle allure.
Sur elle, on voit deux hommes à la morne figure,
C'est la nuit de Noël, il est vingt-et-une-heure,
Et tandis que tant d'autres préparent le bonheur,
Eux refont le travail des nuits habituelles,
Superbes d'abnégation ce soir de Noël.
Pensent-ils d'ailleurs à la fête qui commence?
On croirait les voir remplis d'indifférence,
Pourtant, qui pourrait lire au fond de leurs pensées
Verrait un léger voile de tristesse passer.
Mais voici que soudain, le sifflet retentit.
C'est l'heure. La machine, d'abord au ralentit,
Sous la main de maître qui la bride et retient
Démarre lourdement, libérée de ses freins.
Elle gagne lentement la sortie de la gare;
Le mécano, dans la nuit plonge son regard
Sur les signaux divers qui se succèdent et brillent,
Le train est secoué en passant les aiguilles.
Et voici maintenant qu'il prend de la vitesse,
Les lueurs de la ville au lointain disparaissent,
Ce n'est plus que le nuit et le plaine enneigée
Que le convoi affronte sur son chemin d'acier.
La machine rugit, crache de la fumée,
Siffle et déchire l'air dans sa course endiablée.
Le mécanicien veille, crispé sous la morsure
De la bise glacée qui fouette sa figure;
Tandis que le chauffeur enfourne le charbon
Trempé de la sueur qui coule sur son front,
Son visage est marquée d'une expression amère,
On dirait le démon alimentant l'enfer.
Mais voici que le train ralentit tout à coup.
Les freins grincent et gémissent en frottant sur les roues.
C'est le premier arrêt.Le convoi lentement
Suit le long du quai et s'arrête doucement.
Le mécano regarde la pendule. Minuit!
De joyeux carillons résonnent dans la nuit.
Alors son visage se décrispe soudain,
Il tourne la tête et regarde son copain.
Ils cherchent tous les deux les mots qu'ils voudraient dire,
Et leur grande gueule noircie s'éclaire d'un sourire.
Ils revoient de chez eux la grande cheminée
Et leurs petits enfants déposant leurs souliers;
Puis mêlant aux prières le doux mot : Papa !
Pour qu'il soit protégé sur sa loco, là-bas !
Ah comme ils sont heureux ! Quelles minutes divines.
Ils sont pour un instant bien loin de leur machine.
Pour un instant bien court hélas,car le sifflet
Impitoyablement déchire leurs pensées.
Alors,plein de courage ils reprennent leur place
Ne songeant plus au rêve qui déjà s'efface.
Tout leur être est repris par l'écrasant travail
Et le train de nouveau s'élance sur les rails.
Braves petits bonhommes, c'est grâce à vous bien sûr
Que la fin du trajet leur semblera moins dure.
Le 20 décembre 1946
M. TRIPETTE
FMX Gare de Loivre.
VOICI L'ORIGINALE TAPEE A LA MACHINE>>>>IMG_0003.tif
15:16 Publié dans Expression Libre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : VIVE LA VIE, poèsie, train
Commentaires
je vois que toi aussi tu as pris gout à Picasa ! si tu es tentée par une nouvelle aventure mosaïque, c'est par ici, et au passage bravo pour l'originalité de ton blog, à ++
Écrit par : titia | jeudi, 14 septembre 2006
je n'avais pas vu ton message, alors je complète, le défi est toujours d'actualité, tu as le temps (après on s'attaquera au défi chaussures...) à bientôt
Écrit par : titia | jeudi, 14 septembre 2006
trés émouvant !!! cette soirée de Noël de 1946.... ton père a le talent de l'écriture , c'est simplement BEAU !!!
Écrit par : Debla | vendredi, 15 septembre 2006
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